Les Élus ou l'Amitié, nous avons un choix à faire...
Je voudrais rebondir sur ce propos d'un ami concitoyen qui me disait qu'il se passe dans le monde entier chaque jour des choses beaucoup plus graves que notre vie de village empêchée par les Élus...
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Si on part des thèses du municipalisme ou du communalisme, le plus grave n'est pourtant jamais les décisions politiques et économiques (et leurs conséquences) de la Maison Blanche ou de la Chine. Le plus grave, c'est toujours cette impossibilité de vivre à l'échelon de la commune, qui est le seul échelon de la vie humaine et celui où tout commence : l'échelon de l'Espérance. L'échelon où on peut tout reprendre à zéro au niveau même de la place de l'homme dans l'univers si cela nous chante.
Nous sommes toujours tournés vers les spectacles de la grande échelle nationale ou mondiale et nous en oublions constamment l'échelon à notre mesure qui permet tout (justement parce qu'il est à la mesure de l'homme) : celui de la commune. Combien d'artistes vont se croire bouffons à la cour en épinglant quotidiennement sur youtube le Président des USA ou l'oligarchie française ou telles stars sans jamais un seul instant s'en prendre à leur Maire ou à la petite oligarchie qui tyrannise en continu leur petit village. L’échelon de la praxis (actions réelles transformatrices du réel) est pourtant uniquement celui de la commune (car à la mesure de chaque individu – y compris de « l'individu collectif »).
Le plus grave, c'est donc toute cette vie qui voudrait éclore dans les ruelles, les collines, les jardins, les communaux, les Églises, les places, auprès des fours à pains, dans les salles communales, qui est systématiquement et quotidiennement assassinée dans l’œuf par les Élus soi-disant « de la Ré-publique ».
Le plus grave c'est toute cette Espérance contenue dans la possibilité de se rassembler, de se parler, de s'écouter, de s'entraider, de prendre soin ensemble, de créer ensemble, de jouer ensemble, d'apprendre ensemble, de festoyer, de mettre en commun qui est systématiquement et quotidiennement assassinée par les Élus.
Tuer l'espérance est le plus grand crime. C'est comme retirer à un mourant le dernier espoir de sa guérison (fut-il basé sur quelques irréalités, métaphysiques ou transcendances). En empêchant l'amitié au sens de la philia d'Aristote, les Élus réalisent ce que Cornélius Castoriadis n'a eu de cesse de nommer la clôture de l'imaginaire social et politique.
Le Chrétien que je suis baptise cela l'Espérance assassinée, et pourquoi pas : Jésus crucifié encore et toujours. Le monde va très très très mal, certes, mais donc pour continuer à vivre, le minimum est de laisser une ouverture sur de nouveaux possibles. Or les Élus ferment tout à double-tours (je le constate depuis 12 ans de mille et unes manières). Il est aisé d'observer les choses de façon purement physique et/ou biologique : les Élus travaillent à maintenir un milieu clôt sur lui-même alors que les processus ordonnateurs de la vie réclament en permanence un échange avec « le milieu extérieur ». Le christianisme rejoint plus souvent qu'on ne le croit la biologie.
Les Élus empêchent la rencontre avec l'Autre, avec l'Étranger, avec le Voisin : ils empêchent l'air de rentrer (ils haïssent le nouvel air - la nouvelle ère). Les Élus cadenassent la porte qui devrait pourtant rester ouverte, celle que nous pouvons tous pousser pour être accueillis en convive tel que nous sommes, avec notre pauvreté d'être humain égale à celle des autres, cette porte qui nous amène autour de la table avec une bougie au centre ou près du foyer. Prenez un peu le temps d'analyser ce qu'il reste d'en-commun dans votre commune (oui, commune !! nous osons encore dire "Commune" !!) [N.B : pour effectuer dignement cette analyse, merci de ne pas vous faire prendre au piège avec « les services publics » qui servent uniquement des logiques individualistes (eau, ordures, école, routes etc.) ou avec la forme associative qui est une forme privative ou avec les notions d'argents (l'amitié suppose la gratuité). Vous verrez qu'il ne reste plus rien de véritablement COMMUN]
Il y a en fait antinomie radicale entre la notion d'en-commun et la notion de délégataire du peuple.
Il faut donc bien comprendre pourquoi les Élus détruise systématiquement l'en-commun (et ils le font tous). Il le font car il y a antinomie radicale (au niveau éthique, symbolique et esthétique) entre un régime fondé sur la délégation et une démocratie véritable. Tout ceux qui cherchent à nous faire croire à longueur de prise de parole qu'on pourrait mixer les deux, que tel Élu sera enfin au service du bien commun, sont d'effroyables menteurs. C'est l'un ou l'autre : les Élus ou l'Amitié, nous avons un choix à faire.
Les Élus (tous les Élus) savent plus ou moins inconsciemment que si le peuple se rassemble et retrouvent les chemins d'un vivre ensemble dans la philia, cela ouvre directement la porte à des formes autogestionnaires et d'autonomie collective dans lesquels ils disparaissent immédiatement en tant qu'Élus.
Les Élus savent plus ou moins inconsciemment que leur pouvoir (comme tous les pouvoirs !) est mathématiquement fonction du degré de division à l'intérieur du peuple. Il s'agit donc bien là de deux forces antagonistes : la force de l'amitié ou celle de la délégation (concomitante des petites vies privatives).
Tout est affaire de symbolisme. Les Élus savent (encore une fois plus ou moins inconsciemment) à quelle vitesse le nouveau symbolisme de l'assemblée du peuple peut les mettre directement à terre. Imaginez que sur un seul mois, l'assemblée du peuple se tiennent ne serait-ce qu'une fois de plus que « le conseil municipal », c’en est déjà fini de ce dernier au niveau symbolique. L'oligarchie politique peut disparaître très rapidement en fait et cette disparition en fait la met en position de disparaître rapidement y compris en droit. Ce qui est réellement vécu comme partage régulier entre les membres du peuple développe toujours une force symbolique beaucoup plus grande que les petites réunions (ridicules) d'une oligarchie politique.
On peut bien me parler des heures de tels ou tels Élus qui seraient soi-disant tournés vers le bien commun et l'amitié dans le village, ces Élus fonctionneront toujours en fonction d'une limite franche constituée par la conservation de leur pouvoir issu de la délégation, et cette limite constituera toujours un mur immédiat pour qui veut faire progresser l'Amitié dans son village.
Donc, vous pouvez tous continuer de mener vos petites affaires privées en tentant d'oublier les Élus, en cultivant constamment des milliers d'excuses pour ne jamais vous frotter à eux. Pourtant, souffrant de solitude et de toute la peine à devoir mener sa barque seul : la flamme, le souvenir, de l'Amitié viendra toujours vous chercher. Et l'impossibilité de l'Amitié vous ramènera TOUJOURS à vos Élus.
Donc, autant vous frotter à eux tout de suite, ce serait vraiment gagner du temps et éviter beaucoup de temps gâché.
Autant œuvrer dès à présent pour la philia sans Élus, puisque le cas échéant cette question ne vous lâchera jamais totalement.
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