Géométrie scolaire. Partie IV : des prisons. La peur.
4ème et dernière partie de ma série "Géométrie scolaire".
Après avoir décrit le rapport prof/élève dans les trois premières parties, I) Les profs sont des agents, II) Les profs sont méchants en théorie, et III) L'Égo très très spécial des profs, il nous sufit de conclure en décrivant le type d'espace et d'ambiance générale où ce rapport prof/élève se tient. Après avoir parlé du contenu, il nous reste donc à évoquer le contenant et l'atmosphère générale.
Enfermement, surveillance permanente et intégrale, immobilité, peur, compétition, laideur, et ennui. Les élèves d'hier et d'aujourd'hui sont des "individus disciplinaires" selon la formule et le concept de Foucault, et rien d'autre.
1) Enfermement
« Les quatre murs de la classe constituent une contrainte incompressible, résistants aux efforts successifs de « renouveaux pédagogiques ». Ils limitent aussi bien le déploiement de l'art de l'enseignant que les aspirations exploratoires des élèves. Au-delà des réformes et des discours d'ouverture, la classe demeure un espace qui dresse un mur entre l'enfant et son milieu familial, son environnement naturel, son réseau social, et qui le prive des multiples occasions éducatives émergeant d'un milieu diversifié et non contrôlé. » Thierry Pardo
Le contenant est une véritable prison, et ce n'est aucunement une image, c'est réalistement une prison, un bocal hermétique, un sanctuaire inviolable officiellement protégé par l'armée (on l'oublierait !), avec des portails à pics, et bien souvent de nos jours : de la vidéosurveillance. C'est en fait assez évident qu'il en soit ainsi puisque face à l'horreur et à la nocivité de la situation scolaire, la nature nous hurle intimement de nous échapper (même si, rapidement, nous apprenons tous à reprimer ce hurlement afin de ne plus jamais l'entendre). Vivre-dans-la-peur, l'être humain semble malheureusement être en capacité de s'y habituer, c'est "la peur coutumière" (qui s'installe pour toute la vie) dont nous parle Catherine Baker :
« En réalité, Marie, avant de concevoir toutes les bonnes raisons qu'on a de ne pas mettre les enfants à l'école, j'ai agi spontanément, comme d'instinct, pour t'éviter de vivre toute ton enfance dans la peur. À l'école, on a peur. (...) À la mère dont le petiot hurle au premier jour de la maternelle, on dit: « Il va s'habituer ! » C'est effectivement ce qui se passe. On s'habitue. La plupart oublient même qu'ils ont eu peur, qu'ils s'y sont accoutumés. Le pli est pris. Ils ont peur toute leur vie, ne savent plus de quoi. C'est là que réside l'atrocité de la souffrance obscure. (...) j'ai essayé d'éviter ce qu'il était en mon pouvoir, d'écarter de ton enfance: la sombre cochonnerie de l'institutionnalisation des rapports de peur entre adultes et enfants. Car cela n'était en rien nécessaire. (...) pourquoi aurais-je permis que tu vives la peur pour la peur, pour le pur apprentissage de la peur coutumière ? »
L'enfermement, qui permet à la peur de proliférer, est à la base (au génome) de la situation scolaire.
« Je m'installe dans un coin de la classe et j'observe. Quel spectacle désolant ! Tous ces enfants assis, muets et inattentifs, emmurés, appelés chacun à son tour à ânonner, obéissants et éteints. Quelle tristesse ! La seule qui semble prendre plaisir à cet exercice, c'est l'enseignante qui exerce son petit pouvoir dans l'inconscience totale. A la récréation où les pauvres prisonniers vont hurler leurs frustrations dehors, l'enseignante, au lieu de venir me parler, à moi cet intrus dans son petit monde fermé, va prendre un café rapide et s'emmure dans des corrections. Pauvres enfants abandonnés de leurs parents, condamnés à cet asile d'aliénés qu'est devenue l'école ! Ma fille ne sera pas abandonnée. Je voudrais bien libérer tous les autres en même temps... » Léandre Bergeron
Pour empêcher la nature, la situation spatiale est celle d'une prison au milieu d'un désert car si nous nous échappons, ce ne pourra être qu'à la manière du colosse Indien à la fin du film "Vol au dessus d'un nid de coucou" autant dire que c'est quasi impossible. De nos jour, le futur déscolarisé, qui doit donc avoir la chance d'être de type "colosse Indien", qui défonce les barreaux de la fenêtre avec le bloc de douche (Cf : la scène finale du film susnommé) retrouve la campagne originelle et la solitude car l'école est totalitaire, elle recouvre tout. Notre "mouvement de déscolarisation de la société" (qui est un mouvement dans le sens littéral du mot mouvement et non un parti), voudrait d'ailleurs changer ça. « La société est fatale, et la solitude impraticable » nous dit fort justement Emerson. Nous voudrions donc lutter de toutes nos forces contre ce dilemme insupportable qui consiste pour l'homme moderne à devoir choisir entre mourir, dégénérer, se suicider (physiquement et intellectuellement), en société ou bien souffrir la solitude et le vide.
Cet enfermement physique est l'expression matérielle de la fermeture du savoir : « L’enseignement scolaire n’est pas réellement conçu pour ouvrir à autre chose, mais est essentiellement fermé. » nous dit Charlotte Nordmann. Nous avons donc affaire, en terme purement physique, à un milieu fermé à tout point de vue. Il s'agit donc aussi d'un espace fini et défini, limité, au service de la rareté et du manque (condition de tout asservissement).
2) Surveillance intégrale
Le maître-mot d'une prison, sa réalité quotidienne, est la surveillance intégrale. Ainsi les lieux scolaires ont été conçus dans ce but. Anne Querrien, dans son livre "L'école mutuelle, une pédagagie trop efficace ? " résume bien la situation :
« Rien ne doit être laissé au hasard, nous dit F.Buisson dans son Dictionnaire pédagogique qui était , sous la IIIè République, la bible de l'enseignement primaire : " Les emplacement de l'estrade du maître, des tableaux, des modèles, des appareils de chauffage ne doivent pas être laissés au hasard... " " La classe doit avoir la forme d'un rectangle, toute forme polygonale ou circulaire est proscrite. " Tout a été mis en oeuvre pour produire des écoles comme des petits pains : la classe est un moule unique, reproductible en autant d'exemplaires que possible. »
« L'espace scolaire est d'abord conçu pour que le maître puisse voir en permanence tous les élèves dont il a la charge. Le pouvoir est donné au maître de saisir l'ensemble des élèves d'un coup d'œil : c'est la première base matérielle de son pouvoir, pouvoir bien plus sûr que celui d'un maître qui frappe et qui ne voit pas pendant ce temps ce qui se passe derrière son dos. Toute une structure mentale s'est peu à peu élaborée à travers ces espaces rectangulaires et tristes, et y demeure maintenant attachée . »
« Non seulement les enfants doivent rester sans cesse sous les regards conjoints des autorités qui en ont la charge, mais ils doivent sans cesse garder le regard fixé sur le maître, et ne le porter par ailleurs que sur des objets, des lignes strictement contrôlées, propres à leur représenter l'autorité dont ils émanent. Le regard que l'enfant porte sur son école doit lui inspirer le sentiment de cette présence du pouvoir. »
Catherine Baker, dans "insoumission à l'école obligatoire", cite Michel Foucault concernant cet atroce "principe de visibilité obligatoire"
« La plupart des gens ont oublié leur enfance. Sinon, jamais ils ne pourraient se conduire envers les mômes avec un sadisme aussi bête. L'enfant vit en famille dans une menace vague qu'il peut d'autant moins circonscrire qu'elle se noie dans l'affection. A l'école, les sources les plus profondes de l'insécurité permanente, la peur de faire de la peine à ses parents, celle d'être séparé de ses amis, celle, bien enfouie, de jouer là tout son avenir, celle de devoir se reconnaître stupide, etc. ne se prêtent pas aux conversations entre mômes. Michel Foucault dans "Surveiller et punir" a des réflexions parfaitement appropriées à l'institution scolaire sur le "principe de visibilité obligatoire" : « C'est le fait d'être vu sans cesse, de pouvoir toujours être vu, qui maintient dans son assujettissement l'individu disciplinaire. » Le pouvoir peut braquer le projecteur sur n'importe quel enfant, à n'importe quel moment : "Que faites-vous ? ". »
3) La laideur et la dureté
Certains réformateurs de l'éducation nationale voudraient peut-être changer le contenu et garder le contenant. Malheureusement pour eux, même les murs, les matériaux, et les objets sont atroces. On ne pourrait même pas conserver les murs et le matériel pour en faire autre chose. Ces lieux sont laids, anti-vie, et ils incarnent la laideur or, ce qui nous motive tous pour faire un nouveau monde, n'est-ce pas la beauté ? Les "permaculteurs" ont sans arrêt comme modèle la forêt et n'y a-t-il rien de plus opposé à une forêt qu'une école ou une usine ? Et le modèle des écoles, n'est-ce pas justement la prison et l'usine ?
Cette laideur n'est point un détail subsidiaire, c'est une intention première, c'est un choix politique calculé en lien direct avec les buts de ces bâtiments. Les matériaux employés sont de type industriels et artificieux : plastique, polymères, métal et toxique. Evidemment, rien de naturel, rien de "chaleureux", rien de "convivial", rien de rond, à fortiori rien non plus de "doux". Le bois, la pierre, la terre, le végétal, le tissu, tout ce qui "réchauffe" - le corps et l'âme avec - est évidemment proscrit et rigoureusement absent, l'objectif étant la laideur et l'agressivité des lignes - en harmonie avec les arrêts de bus JC Decaux - . "Le regard que l'enfant porte sur son école doit lui inspirer le sentiment de cette présence du pouvoir." nous dit Anne Querrien. Donc, ce sera rectiligne, tranchant même, froid, dur, gris, fixe, sans odeur ni saveur, artificiel, industriel, moulé sur gabarit, l'opposé du vernaculaire... les bâtiments scolaires sont faits pour lacérer les corps et surtout les âmes. C'est un lieu où l'on doit se cogner, qui doit nous cogner et où l'on doit se faire cogner. C'est un lieu qui doit désespérer, qui doit nous faire oublier la beauté, la chaleur et la rondeur du cosmos et des seins de notre mère.
Sur cette laideur citons Christiane Rochefort :
« Les bâtiments scolaires sont destinés aux enfants. Or, les anciens manifestent une pensée carcérale. Les nouveaux ressemblent à des cages. Tous sont parmi les plus laids et tristes édifices jamais plantés. Leur dessein architectural paraît de, ayant retiré le monde divers aux enfants, ne leur donner plus rien à voir. C'est une drôle de façon de penser aux enfants.»
Catherine Baker :
« Avec la publicité, l'école est la plus magistrale entreprise d'imbécilisation. L'imbécilisation consiste à ôter à l'enfant tout envie d'entrer dans la compréhension du monde.
Je ne dirais jamais assez les profonds ravages causés par le simple aspect sinistre des salles de classes (aussi bien les "modernes" que les "anciennes"). Un rapport américain avait fait quelque bruit. C'était une étude approfondie des écoles publiques aux États-Unis demandée par la Fondation Carnegie au Dr Charles Silberman, un homme tout à fait modéré. L'auteur du rapport soulignait qu'il fallait vraiment considérer l'école comme "allant de soi" pour ne pas s'apercevoir que tout dans l'aspect extérieur de l'école comme dans les relations entre maîtres et élèves "menait immanquablement à la stérilisation des esprits". »
Krishnamurti :
« La vie est authentiquement belle, sans rapport avec ce que nous en avons fait — une chose affreuse ; et vous ne pouvez en apprécier la richesse, la profondeur, l'extraordinaire beauté que si vous vous révoltez contre tout — contre la religion organisée, contre la tradition, contre cette société pourrie d'aujourd'hui — afin de découvrir par vous-même, en tant qu'être humain, ce qui est vrai. Ne pas imiter, mais découvrir. Il est très facile de vous conformer aux injonctions de votre société, de vos parents ou de vos professeurs. C'est un mode d'existence sans risques ni problèmes, mais qui n'est pas la vie, car il porte en germe la peur, la décrépitude et la mort. Vivre, c'est découvrir par soi-même le vrai, et cela n'est possible que lorsque la liberté est là, lorsqu'il y a en vous, au plus profond de vous, une révolution permanente. »
Raoul Vaneigem :
« Aucun enfant ne franchit le seuil dʼune école sans s'exposer au risque de se perdre ; je veux dire de perdre cette vie exubérante, avide de connaissances et dʼémerveillements, quʼil serait si exaltant de nourrir, au lieu de la stériliser et de la désespérer sous lʼennuyeux travail du savoir abstrait. Quel terrible constat que ces regards brillants soudain ternis !
Voilà quatre murs. Lʼassentiment général convient quʼon y sera, avec dʼhypocrites égards, emprisonné, contraint, culpabilisé, jugé, honoré, châtié, humilié, étiqueté, manipulé, choyé, violé, consolé, traité en avorton quémandant aide et assistance.
(...) pourquoi les jeunes gens sʼaccommoderaient-ils plus longtemps dʼune société sans joie et sans avenir, que les adultes nʼont plus que la résignation de supporter avec une aigreur et un malaise croissants ? »
ou Léandre Bergeron :
« Comment oser dire que les enfants qui ne fréquentent pas l’école ne vont développer leur sociabilité ? C’est tout le contraire que je constate. Car la socialisation forcée des écoles ressemble à la socialisation des prisons plutôt qu’à l’épanouissement des relations humaines chaleureuses. »
4) Compétition
Les évaluations fondent également le circuit fermé du monde, les retirer créerait un trou d'air dans la cuirasse. Ce qui m'apparaît liberté et espoir semble être un vide effrayant pour ceux à qui je présente la fin de l'évaluation : "Mais comment on fait alors, si on n'évalue pas ? Il faut bien évaluer ". C'est quand même terrible de ne pas être capable d'imaginer l'appel d'air salutaire de ce vide qui n'est que momentané, et de demeurer à ce point-là terrorisé par le vide. Les profs étant avant tout payés pour évaluer (et cela leur donne en prime le sentiment d'exister et une légitimation), ce n'est peut-être pas demain que nos criminels de profs vont arrêter ce massacre quotidien.
La situation scolaire est totalement dénuée d'amour. Un professeur qui note n'aime pas. C'est un criminel. C'est le premier artisan de cette société affreuse, c'est le promoteur des guerres et de la lutte de tous contre tous. L'Éducation Nationale est un lieu totalement vide d'amour, pas une seule goutte, dans aucun recoin. C'est la forme de l'objet et ses outils de haine permanente, qui rend l'amour totalement impossible. Le but de l'école est la guerre entre les hommes. Celui qui dit diffuser de l'amour au sein de l'école est un grand hypocrite. Je te mets 9/20, et à toi 12/20, mais c'est avec amour bien-sûr ! Je vous viole l'âme avec amour, bien-sûr. J'introduis en vous l'ambition, la compétition, l'obsession du devenir, la corruption, l'obéissance, le conformisme, la tradition, l'individualisme, l'idée de réussite et d'échec, de développement vertical de votre personne, mais c'est avec amour bien-sûr ! Et au service de la fraternité, bien-sûr ! Je cautionne cette société pourrie de compétition et de lutte des places, mais c'est avec amour, bien-sûr ! Il y a l'école : l'acte quotidien contre l'amour, cette religion scolaire au service de la religion du fric, de l'égo, de l'avidité, et de l'ambition.
Collèges, Lycées, Universités, sont dans leur bulle, c'est effrayant. Le pire des entre-sois qui soit ! Les collèges et lycées fonctionnent en parfaite autocratie en la personne du proviseur. Les listes d'agrément de l'éducation nationale permettent d'assurer l'étanchéité parfaite. Les campus ont été installés en dehors des villes-centre. L'étudiant est souvent un expatrié qui ne peut se sentir citoyen d'aucune façon. La menace des sectes et de certains groupes d'influence est sans cesse brandie pour justifier cette sanctuarisation et cette surprotection nocive qui empêchent les jeunes de développer leurs propres anti-corps.
« L'école a fidèlement évolué, ou muté, en harmonie profonde avec les besoins de l'Industrie et de ses services. En dépit de résistances internes elle est sa pépinière de matériel humain adéquat. Elle est calquée sur ses structures, et les transmet : soumission, compétition, ségrégation, hiérarchisation, et ennui mortel de l'âme. » Christiane Rochefort
Le principe horrible de l'Institution scolaire est si limpide : nous forcer à tous avancer sur un fil tendu au dessus du vide pendant si longtemps, de façon si harassante, que nous finissons tous par tomber, d'une manière ou d'une autre, à moment donné. Ainsi, on obtient une société de gens cassés, de gens qui ont pour toujours une vision mineure de leur être par rapport à l'ordre établi. De plus, deuxième partie du principe, ce fil, est une direction unique imposée qui aliène, pas à pas, chacun d'entre-nous pour nous mettre au service d'un système qui n'a rien à voir avec nos élans de vie initiaux (et exciter ce qu'il y a de plus vil en nous, non la vertu). Par quel moyen est-ce qu'on nous force : par un chantage affectif permanent, par notre besoin de socialisation, puis par un chantage à la survie qui vient s'ajouter.
5) Immobilité
Sur l'immobilité mortifère attendue de l'élève citons Christiane Rochefort :
« Expropriation du corps. Bouclé là à six ans, après l'exercice préliminaire de la Maternelle - ambiguë, compliquée, importante, de plus en plus tôt la Maternelle.
On tombe sur des chaises dures, et on écoute des mots pendant des heures. Est-ce par hasard que cette jeune créature croissante, cette boule d'énergie neuve, cet explorateur aventureux, est tenu immobile, pétrifié, confiné, réduit par grand soleil à la contemplation de murs, et à la rétention angoissée de la vessie voire du ventre, 6 heures par jour à temps fixe sauf récrés à minutes fixes et vacances à dates fixes, durant 7 années ou plus ?
Comment apprendre mieux à s'écraser? Ça rentre par les muscles, les sens, les viscères, les nerfs, les neurones. C'est une leçon totalitaire, la plus impérieuse n'étant pas celle du prof. La position assise est reconnue néfaste pour la charpente les vaisseaux les canaux, et voilà comment votre Occidental a la colonne soudée, les tubes engorgés les poumons rétrécis des hémorroïdes et la fesse plate. Ça fait un siècle qu'on les voit les enfants gratter les pieds se tortiller, sauter comme des ressorts quand L'HEURE sonne (sans parler de 20 % de scoliotiques). Ces manifestations sont mises au compte de leur turbulence, pas de l'immobilité insupportable qu'on leur impose : le tort sur la victime. Non ce n'est pas un hasard. C'est un dessein, si obscur qu'il soit à ceux qui l'accomplissent. Il s'agit de casser. Casser physiquement la fantastique machine à désirer et à jouir. Que nous sommes, fûmes, avons été, tous, requiem. Tu ne vivras pas, tu n'es pas venu au monde pour ça. La machine est solide et résiste longtemps. Etre enfant c'est de l'héroïsme. Cette déclaration fera ricaner ceux qui ont oublié qu'ils ont été des enfants, qui ainsi se trahiront. »
6) L'ennui
Sur l'ennui, citons Christiane Rochefort et Edmond Gilliard :
C. Rochfort qualifie les écoles ainsi : « les temples de l'ennui pré-industriel»
Edmond Gilliard oppose superbement l'ennui dans les école à l'amour ("le diable, c'est l'ennui" disait aussi le dramaturge Peter Brook) :
« Ce que l'enfant sait, c'est qu'il s'ennuie. C'est là sa science de la chose ; c'est là le fait réel de son «savoir actuel». C'est là l'objet immédiat de sa conscience ; c'est cela, l'évidence... Hélas ! il y a ennui dès qu'il n'y a plus amour. L'amour vrai crée l'irrésistible évidence du plaisir. Celui qui ne « devine » pas l'ennui ne communiquera jamais le savoir. L'amour cesse d'être légitime dès qu'il devient ennuyeux. (...) Répandre l'ennui, c'est, je crois, — c'est, certainement, — encore pire que d'exercer la violence ou de pratiquer l'injustice. L'ennui est plus nuisible, plus immoral que tout. Il ruine toute éducation en débilitant la nature, il énerve toute discipline, il anémie toute doctrine, il dessale toute nourriture, il ôte toute saveur à la conscience, il délave, lime. — L'injustice peut révolter, la violence peut stimuler la résistance. L'ennui, profondément, écoeure. L'ennui rend lâche. Une vigoureuse adversité fouette le sang, l'ennui instille sa torpeur dans les lymphes.
***
Cette géométrie scolaire étant décrite : des agents égotiques et méchants, en relation disciplinaire pendant des années avec les plus faibles d'entre-nous, en situation d'enfermement, d'ennui et d'imobilité dans d'affreux bâtiments, en situation de compétition, de conditionnement au service du capitalisme...
... Vous êtes maintenant en mesure d'apprécier correctement cette idée vendue constamment de LA NEUTRALITÉ DE L'ÉDUCATION NATIONALE... (par opposition avec ce qui est extérieur à elle)
***
Sylvain Rochex, Mars 2015
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